Le mois d’août meurtrier sur les routes relance le débat sur les 80 km/h

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La hausse spectaculaire de la mortalité routière en août (+ 17,9%) alimente à nouveau le débat entre pro et anti-80km/h: les autorités y voient l’effet persistant des destructions de radars quand d’autres contestent toujours l’efficacité de la mesure dont ils ont obtenu le prochain assouplissement.

C’est la hausse la plus importante depuis janvier: le mois dernier, 290 personnes ont perdu la vie sur les routes métropolitaines, soit 44 de plus qu’en août 2018.

« Plus de 40 morts, ce n’est pas rien, ça ne laisse pas indifférent », a déclaré à l’AFP Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité routière, faisant part d’une « profonde tristesse ».

2019 comptabilise jusqu’à présent 35 morts de plus que l’année dernière, marquée par une baisse « historique » de la mortalité routière en métropole enregistrée en 2018 (3.248 tués, 3.488 avec l’Outre-mer).

La courbe du mois d’août, un mois traditionnellement chargé sur les routes, se calque de nouveau sur celle du premier trimestre qui avait recensé 63 tués de plus qu’en 2018.

A l’époque, la Sécurité routière avait imputé ces mauvais chiffres au « relâchement des comportements » après les destruction de radars – 75% du parc selon le gouvernement – lors du mouvement des « gilets jaunes ».

Début juillet, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner assurait que « l’essentiel » des appareils situés « dans l’axe de mobilité des vacances (étaient) opérationnels ».

L’argument reste pourtant toujours valable pour Emmanuel Barbe, « le réseau des radars est loin d’être réparé, il y en a encore qui sont dégradés ». Déployés depuis le printemps, des radars nouvelle génération dits radars-tourelles, supposés plus résistants car juchés sur des mâts de 4 mètres de haut, ont déjà été dégradés, selon la Sécurité routière.

« Cela a des effets sur la vitesse. Les radars qui fonctionnent flashent beaucoup et absorbent en partie l’activité de ceux dégradés », assure M. Barbe. La facture des destructions, cumulant coûts des réparations et manque à gagner pour l’Etat, a été estimée à 360 millions d’euros.

« Flou » sur le 80km/h

Pour l’association 40 millions d’automobilistes, cette hausse est la preuve de l’inefficacité de la limitation à 80km/h de la vitesse sur les routes secondaires, en vigueur depuis juillet 2018, censée permettre d’épargner jusqu’à 400 vies par an.

La mesure, décriée par les gilets jaunes et les élus locaux, a permis d’épargner 206 vies durant sa première année d’application, selon des estimations de la Sécurité routière.

« L’enseignement, c’est que le 80 km/h ne fonctionne pas et qu’on n’a toujours pas trouvé les bonnes mesures », affirme le délégué général de l’association Pierre Chasseray, qui préconise « des campagnes de prévention autour du téléphone au volant, de l’alcoolémie et de la conduite sous stupéfiants ».

Pour d’autres, c’est au contraire le feu vert donné avant l’été par le gouvernement pour un assouplissement de la mesure qui est responsable de la hausse.

Pour apaiser la colère des anti-80 km/h, l’exécutif a concédé en mai aux présidents de conseils départementaux le pouvoir de relever la vitesse maximale autorisée sur certaines routes, dans la future loi d’orientation des mobilités (LOM) rediscutée à partir de mardi à l’Assemblée nationale.

« Ce débat sur la légitimité du 80km/h a laissé un flou s’installer si bien que la vitesse est devenue (pour les automobilistes) un facteur pas aussi important que l’alcool alors que c’est la première cause de mort sur la route », s’indigne Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière.

Elle appelle à « arrête la gabegie financière autour des radars fixes », suggérant de « généraliser enfin » les radars embarqués dans des voitures banalisées, toujours en phase d’expérimentation dans plusieurs régions.

« Cette hausse dramatique se produit au moment où le gouvernement annonce le retour au 90 km/h dans les départements qui le voudront », abonde Me Jehanne Collard, avocate des victimes de la route. « Les automobilistes ont immédiatement perçu cette décision comme un recul du gouvernement », qui se « paie immédiatement en vies humaines ».

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