La France et les Pays-Bas volent au secours d’Air France-KLM

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Les Etats français et néerlandais ont promis des aides massives pour sauver Air France-KLM, face aux conséquences désastreuses de l’épidémie de coronavirus, avec une dizaine de milliards d’euros de prêts directs ou bancaires.

Le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire a annoncé une enveloppe totale de 7 milliards d’euros pour la compagnie aérienne, lors d’une interview au journal de 20h00 de TF1.

Pour Air France, ces prêts se décomposeront en 4 milliards de prêts bancaires garantis à 90% par l’Etat et 3 milliards de prêt direct de l’Etat, a précisé M. Le Maire. « Il faut sauver notre compagnie nationale », a-t-il ajouté qualifiant ce plan d' »historique ».

Il a en revanche souligné que la nationalisation de la compagnie n’était « pas à l’ordre du jour », alors que l’option avait pu être évoquée.

Une heure plus tard, le ministre des Finances néerlandais Wopke Hoekstra a promis 2 à 4 milliards d’euros d’aide publique pour KLM, lors d’une conférence de presse à La Haye.

Les Etats français et néerlandais possèdent chacun environ 14% du groupe.

« Nous sommes en train de préciser les détails » de ce soutien, a-t-il ajouté.

Au total, le groupe aérien franco-néerlandais va pouvoir compter sur une enveloppe de 9 à 11 milliards d’euros pour traverser la crise historique du secteur aérien, mis à l’arrêt par les multiples restrictions au voyage imposées par les autorités du monde entier pour freiner l’épidémie de Covid-19.

Les deux ministres ont publié peu après un communiqué commun pour assurer « partager la même priorité pour Air France-KLM », à savoir faire tendre « tous les efforts pour répondre à ce choc sans précédent ».

Alors que la quasi-totalité de ses avions sont cloués au sol, Air France-KLM fait face à une situation critique. Les mesures annoncées vendredi sont prises « pour sauver les 350.000 emplois directs et indirects qui vont avec », a indiqué M. Le Maire.

Ce soutien « n’est pas un chèque en blanc », a-t-il toutefois souligné. « Nous avons fixé des conditions à Air France. Des conditions de rentabilité, car c’est l’argent des Français donc il faut qu’Air France fasse un effort pour être plus rentable, et des conditions écologiques. Air France doit devenir la compagnie aérienne la plus respectueuse de l’environnement de la planète. C’est la condition à laquelle je suis le plus attaché », a-t-il affirmé.

Bouffée d’oxygène

La compagnie aérienne a bien entendu salué cette bouffée d’oxygène. Lors d’une visioconférence au Sénat français mercredi, le directeur général d’Air France-KLM Ben Smith avait jugé ce soutien public « indispensable ».

La direction du groupe avait alors souligné qu’Air France exploitait actuellement moins de 5% de ses vols habituels, et KLM moins de 10%.

Le désarroi est général dans le secteur, particulièrement frappé par les conséquences de l’épidémie de Covid-19. Début avril, l’effondrement du trafic mondial atteignait 80% par rapport à 2019 alors que le secteur naviguait encore récemment sur des prévisions confortables d’un doublement du nombre de passagers dans 20 ans avec un rythme de croissance de 3 à 4% par an.

Vendredi soir, Air France-KLM a souligné que « ce mécanisme de soutien, qui reste subordonné à son approbation par la Commission européenne, permettra au Groupe Air France-KLM de garantir à Air France les moyens de faire face à ses obligations en poursuivant sa transformation pour s’adapter dans un secteur que la crise globale va largement bouleverser ».

Air France-KLM a également indiqué envisager « une opération de renforcement de ses fonds propres » qui pourrait intervenir « au plus tard à l’issue de l’assemblée d’approbation des comptes de l’exercice 2020 ».

« Dans ce cadre, l’Etat français a indiqué son intention d’examiner les conditions de sa participation à une telle opération », ajoute le communiqué de la compagnie aérienne franco-néerlandaise.

Guillaume Schmid, du SNPL, premier syndicat français de pilotes de la compagnie, a de son côté prudemment pris « acte d’une aide qui était indispensable à la survie de l’entreprise ».

Il a salué la contrepartie environnementale demandée par l’Etat mais s’attend à ce que la restructuration de l’entreprise porte sur le réseau court-courrier d’Air France, déficitaire.

Christophe Malloggi, de FO Air France, premier syndicat de la compagnie, s’est dit lui « rassuré sur le court terme, la crise est très profonde et la visibilité sur la reprise peu claire ».

Sud Aérien a déclaré pour sa part qu’il aurait préféré une montée au capital d’Air France de la part de l’Etat, seule action garante de stabilité et de confiance. »

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