Virus: la France se prépare à un confinement prolongé, Macron rencontre Raoult

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Emmanuel Macron rencontre jeudi le Pr Didier Raoult, chantre de l’utilisation très controversée d’un dérivé de la chloroquine contre le coronavirus, à quelques jours d’une allocution au cours de laquelle il doit détailler la suite du confinement face à l’épidémie qui a tué près de 11.000 personnes en France.

Après avoir rencontré dans la matinée d’autres chercheurs dans un hôpital universitaire près de Paris pour faire le point sur la recherche de traitements, le président de la République a été accueilli vers 15H45 à l’Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) de Marseille, où travaille le Pr Raoult.

Devenu l’une des figures de cette crise, le Pr Raoult a publié deux études sur l’hydroxychloroquine (dérivé de la chloroquine, un médicament contre le paludisme) qui prouvent, selon lui, « l’efficacité » de ce traitement contre le coronavirus. Mais nombre de scientifiques estiment impossible de tirer cette conclusion sur la seule base de ces études, en raison de la manière dont elles sont élaborées.

Il est soutenu par un certain nombre d’hommes politique et une pétition baptisée « #NePerdonsPlusDeTemps », lancée par l’ex-ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy et demandant à assouplir les possibilités de prescription de la chloroquine, dépassait jeudi après-midi les 456.000 signatures.

La visite d’Emmanuel Macron à Marseille s’inscrit dans les consultations menées avant son allocution aux Français programmée lundi soir.

Entamé le 17 mars et déjà prolongé une fois, le confinement se poursuivra après mardi prochain, a d’ores et déjà prévenu l’Elysée, sans préciser la durée du nouvel allongement.

En ce « jeudi saint », en France comme à travers le monde, les croyants se préparent donc à passer le weekend pascal confinés, privés de messes et de larges réunions pour ce temps fort de leur vie spirituelle et familiale. Les célébrations du sanctuaire de Lourdes, sans pèlerins, seront retransmises sur les chaînes catholiques.

Contrôles renforcés

Vacances de printemps et beau temps obligent, de nouvelles restrictions de déplacements sont désormais en vigueur à Paris et dans cinq autres départements franciliens. Toute activité sportive individuelle y est interdite de 10H00 à 19H00.

Des restrictions semblables s’appliqueront dès le week-end en Alsace, région très touchée où les vacances scolaires débutent jeudi soir, pour deux semaines.

Et pas question de s’offrir une escapade sur la Côte bleue ou dans les Alpilles: dans les Bouches-du-Rhône, où les vacances débutent également ce week-end, les contrôles du confinement seront renforcés sur le littoral, sur l’autoroute et dans les massifs.

Dans le cadre d’un contrôle du confinement, un trentenaire est mort mercredi soir à Béziers (Hérault), où un couvre-feu est en vigueur, après une interpellation « difficile » par la police municipale, selon le parquet. Une enquête pour homicide involontaire est en cours.

La France a enregistré mercredi un nouveau très lourd bilan quotidien dans les hôpitaux, avec 541 décès supplémentaires en 24 heures, soit un total de 7.632 depuis début mars. S’y ajoutent 3.237 morts déjà recensés dans les Ehpad et établissements médico-sociaux (qui n’ont pu mettre à jour leurs statistiques mercredi en raison d’un « problème technique »), soit un total de 10.869 décès.

Dans les hôpitaux, 7.148 patients gravement atteints sont en réanimation, « un record absolu en France », signe que l’épidémie « est toujours très active », a relevé le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon.

Aux urgences de l’hôpital de Mulhouse, « la baisse déjà perceptible la semaine dernière s’est confirmée », constate toutefois leur chef, le Dr Marc Noizet. « Le service est toujours saturé », mais « on n’a plus besoin de 15 transferts par jour comme la semaine dernière ».

En revanche, en Ile-de-France, afin de soulager un système hospitalier toujours en très forte tension avec plus de 2.600 personnes en réanimation, de nouvelles évacuations de malades auront lieu vendredi vers l’Aquitaine.

La morgue provisoire installée dans un hall du marché de Rungis, près de Paris, a suscité la polémique en raison des tarifs controversés demandés aux familles par l’opérateur privé qui la gère: 159 euros pour six jours de conservation du cercueil, 55 euros pour une heure de recueillement… Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a demandé un « contrôle », jugeant la situation « anormale ».

Un essai clinique stoppé

Lundi soir, le chef de l’Etat devrait également aborder la situation économique et sociale. L’épidémie, qui a mis à l’arrêt une bonne partie des activités du pays, a déjà précipité la France dans une récession historique.

La Banque de France a en effet estimé mercredi que le Produit intérieur brut (PIB) s’était effondré de 6% durant la période de janvier à mars, soit la pire performance trimestrielle depuis 1945.

Sur le front de la recherche, les essais cliniques se poursuivent. Pour l’essai Discovery, qui devait notamment être présenté à Emmanuel Macron jeudi matin à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre et qui porte sur quatre traitements possibles, les premières tendances ne sont pas attendues avant fin avril.

En revanche, un essai clinique qui prévoyait d’administrer à des malades une solution issue du sang de vers marins, pour tenter de soulager leur détresse respiratoire, a été stoppé jeudi. Son autorisation a été retirée dans l’attente d’une nouvelle évaluation.

La France poursuit aussi ses efforts pour s’approvisionner en masques, convoités par l’ensemble de la planète, où l’épidémie a fait plus de 89.000 morts.

Le gouvernement, très critiqué sur ce point, maintient pour l’heure sa recommandation de réserver l’usage des masques aux soignants et malades.

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