Virus: en attendant le plan du déconfinement, le gouvernement à la rescousse des hôtels, restaurants et bars

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Le gouvernement, dont les premières propositions sur le déconfinement sont attendues en début de semaine prochaine, a cherché vendredi à rassurer le secteur de l’hôtellerie-restauration, particulièrement touché par la crise du coronavirus.

Un soutien affiché, via une visioconférence entre professionnels de la filière, dont une brochette de chefs hyper-médiatiques popularisés par les concours télévisés de cuisine, et le président Emmanuel Macron.

Pour aider les 168.000 restaurants, 38.800 bars ou cafés, 18.600 hôtels et 6.000 établissements de nuit du pays à rester à flot, l’accès au Fonds de solidarité sera élargi, à compter du 1er juin, aux entreprises employant jusqu’à 20 salariés et réalisant jusqu’à 2 millions d’euros de chiffre d’affaires, contre 10 salariés et 1 million de chiffre d’affaires pour l’ensemble des TPE. Et le montant de l’aide sera doublé à 10.000 euros au maximum.

En revanche, la filière, à l’arrêt depuis le 15 mars et qui emploie un million de salariés, devra attendre pour savoir quand elle pourra rouvrir les portes. Il y aura une « décision finale vers la fin du mois de mai pour avoir une date », a déclaré le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, qui a mis en garde contre toute « précipitation » faisant courir le risque d’une deuxième vague épidémique.

Visioconférence depuis l’Elysée le 24 aril 2020 entre Emmanuel Macron et des membres de son gouvernement avec des chefs restaurateurs dont Michel Sarran, Hélène Darroze, Guy Savoy, Alain Ducasse, Philippe Etchebest, le PDG d’Accor Sébastien Bazin – POOL/AFP / Ludovic MARIN

« S’il y a une relative sérénité » dans l’évolution de l’épidémie, « nous pouvons imaginer sereinement qu’entre le 2 juin et le 20 juin, l’ensemble des acteurs qui le souhaitent pourront rouvrir à la clientèle », a estimé le chef multi-étoilé Alain Ducasse, joint par l’AFP après avoir participé cette réunion.

« Ce virus n’aime pas l’art de vivre à la française (…) parce qu’il se propage essentiellement par contact humain », avait estimé le président Emmanuel Macron au début de l’échange.

« Distribution de masques »

Covid-19 : comment travaillent les salariés ? / Valentine GRAVELEAU

A moins de trois semaines du début de la levée progressive du confinement, le 11 mai, M. Macron a annoncé que la mesure serait « adaptée aux territoires », avec l’appui des élus locaux.

Après les régions jeudi, le Premier ministre Edouard Philippe s’entretenait d’ailleurs vendredi par visioconférence avec les représentants des départements, notamment des questions financières (baisse des recettes fiscales et augmentation des dépenses sociales) et scolaires.

Les premières propositions de Jean Castex, le haut fonctionnaire chargé de coordonner le déconfinement, doivent leur être faites en début de semaine prochaine, sans doute autour de mardi, selon l’Elysée. Suivra un temps de concertation, avant début mai, un plan en bonne et due forme.

Sur le dossier hyper sensible et controversé de l’école, la rentrée à partir du 11 mai se fera sur la base du volontariat des parents. S’agissant des masques, le ministre de la Santé Olivier Véran a estimé « très compliqué » d’en faire porter aux enfants et précisé qu’il n’y avait « aucune recommandation scientifique » en ce sens.

Pour le reste de la population, « la distribution doit être large et toucher tout le monde ». « On n’est pas un pays qui porte des masques comme la Corée (…) on va devoir l’apprendre », a-t-il ajouté.

De premières distributions de masques grand public sont prévues à partir du 4 mai, selon la secrétaire d’Etat à l’Economie Agnès Pannier-Runacher. Le gouvernement a autorisé les commerces de tissu à rouvrir dès vendredi pour « permettre à chaque Français qui le souhaite de se procurer les matières premières nécessaires » pour la confection de masques.

Graphique représentant le poids des principaux secteurs de l’économie française et leur perte d’activité due à la pandémie de Covid 19 – AFP / Valentine GRAVELEAU

Sur le front sanitaire, le bilan humain reste élevé avec 22.245 morts en France vendredi soir, 389 de plus en 24 heures. Le nombre de décès en France depuis le 1er mars est d’ailleurs en hausse de 25% par rapport à l’an passé à la même période, majoritairement dans les régions les plus touchées par le coronavirus, a indiqué vendredi l’Insee.

Le nombre de patients en réanimation poursuit toutefois sa décrue, continue depuis plus de quinze jours, mais « le risque de reprise épidémique existe, il faut nous y préparer », selon le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon.

Après l’annonce ces derniers jours d’un éventuel effet protecteur de la nicotine contre le Covid-19, le gouvernement a décidé de limiter la vente en pharmacie des substituts nicotiniques et de suspendre celle par Internet, pour éviter une ruée sur ces produits.

Concernant un autre produit, très controversé, l’hydroxychloroquine, le ministère des Armées a reconnu vendredi avoir acheté de la chloroquine en Chine pour constituer un stock « par précaution » , si jamais ce traitement était finalement validé par les autorités sanitaires.

– « Ramadan confiné » –

Dans ce contexte inédit, le mois de jeûne et de prière du ramadan commence vendredi en France, avec des mosquées fermées jusqu’à nouvel ordre et des retrouvailles familiales fortement déconseillées pour ne pas propager le coronavirus.

Les musulmans « s’y sont préparés, en puisant dans leur foi et leurs traditions les moyens de vivre ce moment important tout en restant chez eux », a assuré le président du Conseil français du culte musulman, Mohammed Moussaoui.

Sur le plan économique et social, le tableau se noircit de jour en jour.

L’Etat a mis sur la table un plan d’aide d’urgence massif de 110 milliards d’euros, définitivement adopté par le Parlement jeudi soir.

Pour aider les plus modestes, touchés de plein fouet par les conséquences de l’épidémie, 39 millions d’euros supplémentaires alloués à l’aide alimentaire ont par ailleurs été débloqués.

Sur le front social, la justice a confirmé qu’Amazon France devait procéder à une évaluation des risques professionnels liés à l’épidémie, tout en élargissant la liste des produits que le géant de la distribution en ligne pouvait continuer à vendre entretemps.

Le groupe avait en attendant préféré fermer ses sites français (10.000 salariés).

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