Transport maritime: des start-up françaises misent sur le vent

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L’un était à bord d’un trois-mâts de légende, l’autre coureur au large et le troisième étudiant quand ils ont eu l’idée de miser sur la voile. Aujourd’hui, ces Français développent des navires capables de transporter, à la force du vent, des chariots élévateurs, des croisiéristes et même une fusée.

« Avant, le vent était un élément qu’on maîtrisait très peu et à moins de regarder un peu les nuages, on ne savait pas ce qui allait nous tomber dessus le lendemain », raconte à l’AFP Nils Joyeux, diplômé de l’École nationale supérieure maritime (ENSM) qui se félicite de l’existence de logiciels de routage météorologique pour « avoir toujours un temps d’avance sur le vent ».

Le trentenaire, directeur général de la start-up Zéphyr et Borée, souligne aussi les progrès concernant les voiles elles-mêmes. « En appuyant sur un bouton, on arrive à maîtriser des milliers de mètres carrés de voilure » quand autrefois « il fallait beaucoup de monde pour manier » les navires, détaille-t-il.

C’est justement une expérience sur un de ces bateaux mythiques, le Belem, construit en 1896 et restauré depuis, qui a inspiré Jean Zanuttini. « Même si c’est une technologie d’un autre âge, ça donne à sentir la puissance du vent », se souvient cet autre trentenaire, directeur général de la start-up Neoline.

« Réduire la consommation de carburant »

Installées à Nantes, terre de construction navale, les deux entreprises développent chacune un projet de cargo à voile.

Zéphyr et Borée, au sein d’une co-entreprise avec le spécialiste des services offshore Jifmar, a été choisie début octobre par ArianeGroup pour construire le cargo « Canopée ». Equipé de quatre « ailes » rectangulaires et long de 121 mètres, il servira à transporter les éléments du nouveau lanceur Ariane 6 entre l’Europe et la Guyane.

« On utilise le vent, quand il y en a, pour réduire la consommation de carburant », résume M. Joyeux, qui a commencé à concevoir le projet avec ses associés quand ils étaient encore étudiants et prévoit une mise à l’eau de Canopée courant 2022.

« La réglementation va évoluer, se durcir et contraindre les compagnies maritimes à changer de modèle énergétique. On sait aussi que le prix des énergies fossiles va plutôt augmenter que baisser », souligne le jeune homme.

AFP / MARCEL MOCHET
Les Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) le 3 avril 2005

Neoline, fondée par plusieurs officiers de marine marchande, a pour sa part retenu en juillet la société ligérienne Neopolia pour construire deux cargos à voile qui rallieront Baltimore depuis Saint-Nazaire.

Le premier navire de 136 mètres de long doit être mis en service en 2021. L’idée est d’avoir un bateau « peu impactant pour l’environnement » tout en « apportant un vrai service logistique adapté aux besoins des industries », avance Jean Zanuttini.

La voile, solution la « plus absolue »

« Ce qu’on va essayer de faire, c’est de transporter des choses que les très gros navires ont du mal à transporter » en container, poursuit-il en donnant l’exemple de chariots élévateurs Manitou et des yachts Bénéteau, entreprises basées non loin de Saint-Nazaire avec lesquelles ils vont travailler.

C’est aussi à Saint-Nazaire que sont construits d’immenses paquebots de croisière par les Chantiers de l’Atlantique. Ces derniers ont recruté l’ancien coureur au large Nicolas Abiven, responsable du développement d’une voile rigide appelée « Solid Sail », testée en mer depuis un an et destinée au « Silenseas ».

Ce bateau ciblant une clientèle haut de gamme est « notre vision de ce que sera un paquebot de croisière propulsé à la voile entre maintenant et les vingt prochaines années », présente Nicolas Abiven.

« On est convaincu aux Chantiers de l’Atlantique que les contraintes environnementales vont être de plus en plus prégnantes dans les choix des armateurs. » Pour y répondre, plusieurs solutions comme le gaz naturel ou l’hydrogène, mais « la plus belle et la plus absolue, c’est la voile parce qu’on ne paye pas l’énergie », conclut le sportif.

Crédit Photo : ABDELHAK SENNA

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