Recycler les plastiques, ça marche et ça réduit les coûts

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Traiter les plastiques usagés en visant l’objectif de 100% de plastique recyclé voulu par le gouvernement à l’horizon 2025: le syndicat de collecte des déchets Kerval le fait déjà depuis quatre ans en Côtes d’Armor, sur un territoire où vivent plus de 300.000 personnes.

Dans le centre de tri et de valorisation de Ploufragan, en périphérie de Saint-Brieuc, qui porte le nom de Généris, défilent sur le tapis roulant des plastiques en tous genres, au gré des arrivées des camions après leurs tournées de collecte: bouteilles en plastique clair ou coloré, bouteilles de lait ou flacons de shampoing opaques, pots de yaourts ou de fromage blanc, films plastiques, barquettes de viande, etc… Tout est réparti avec précision, d’abord grâce à un tri mécanique complété par un tri optique, puis humain en dernier ressort, selon les cas.

« En 2014, nous avons lancé une expérimentation sur une partie de notre territoire en demandant aux habitants de mettre désormais tous leurs emballages en plastique dans les poubelles jaunes », explique Béatrice Jeuland, coordinatrice du service de sensibilisation de Kerval, qui réunit quatre syndicats intercommunaux.

« Comme ça marchait bien, en 2016, nous l’avons élargi à l’ensemble du territoire », soit toute la partie centrale des Côtes d’Armor, de la baie de Saint-Brieuc au Morbihan.

Pour atteindre cet objectif, d’importants efforts d’explication et de sensibilisation des habitants ont été menés. « Le déchet est une ressource, les gens comprennent ça », résume la jeune femme.

Chaque plastique varie dans sa composition et doit donc être traité de manière différenciée. « Ca nécessite un certain nombre de machines spécifiques, et donc des investissements » réalisés par Kerval, relève Mme Jeuland.

Une fois triés, les différents types de plastique sont compactés et finissent en « balles », de gros cubes aux couleurs variées selon leur origine, qui sont ensuite acheminés vers des filières de traitement en vue d’être valorisés et remis dans le circuit.

Pour le moment, certains plastiques ne peuvent pas encore être recyclés. Il s’agit, par exemple, des barquettes de viande ou des sachets de pâtes. « Ce qui ne peut pas être traité dans les filières de recyclage classique, nous l’envoyons dans une autre unité de Kerval où ces résidus sont transformés en un combustible à très forte densité énergétique, le CSR (combustible solide de récupération, ndlr),utilisé notamment par les cimentiers », détaille Mme Jeuland.

 

Filière vertueuse

« Le traitement des déchets, ça coûte très cher », rappelle Thierry Burlot, président de Kerval. « Avec le tri que nous avons mis en place, on est passé de 100.000 à 70.000 tonnes à traiter ».

 

Brune Poirson a annoncé la mise en place d’un « système de bonus-malus”, pour inciter les consommateurs à privilégier des produits fabriqués à partir de plastique recyclé

Si le tri n’est pas davantage pratiqué en France, c’est parce qu’il faut du temps pour modifier les usages et aussi parce que le tri va à l’encontre de certains investissements que les collectivités doivent amortir, explique en substance l’élu socialiste, également vice-président en charge de l’environnement au conseil régional. En effet, « quand on a une usine d’incinération sur son territoire, il faut fournir le four tous les jours pour amortir l’investissement », constate-t-il.

« On n’a pas assez mis le paquet sur le recyclage en France. Contrairement à d’autres pays, on n’a pas l’esprit de recycler, d’aller vers l’économie circulaire », regrette le président de Kerval qui se dit « très favorable » aux propositions de Brune Poirson.

La secrétaire d’Etat à la Transition écologique a ainsi annoncé il y a 10 jours la mise en place d’un « système de bonus-malus allant jusqu’à 10 % du prix des produits”, pour inciter les consommateurs à privilégier des produits fabriqués à partir de plastique recyclé. Ce système devrait être activé « dès 2019 » et « monter en puissance”, a déclaré Mme Poirson.

« Le tri fait gagner de l’argent aux collectivités », affirme, chiffres à l’appui, Thierry Burlot. En plus, « on est dans une filière vertueuse, on ne laisse pas nos déchets aux générations futures », comme lorsqu’on les enfouit.

« Là où je suis assez content, ajoute-t-il, c’est que Kerval agit pour arriver à 0% d’enfouissement des déchets ».

 

Crédit photo : Loic Venance

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