Pour tous, c’était « Bébel ». Une icône, un complice de nos souvenirs de cinéma, un héros qui courait, sautait, embrassait, et surtout, riait. Jean-Paul Belmondo s’est éteint à l’âge de 88 ans, ce lundi, à son domicile parisien, entouré des siens. Avec lui, c’est une page immense du cinéma français qui se tourne. Un panache s’efface. Mais le sourire demeure.
L’annonce a été faite par sa famille, dans un communiqué transmis à l’AFP : « Jean-Paul s’est éteint aujourd’hui. Il est parti rejoindre ses vieux complices du Conservatoire. Son sourire sincère sera toujours là. » Un sourire qui aura marqué près d’un siècle de 7e art, irradiant autant les chefs-d’œuvre de la Nouvelle Vague que les cascades décoiffantes des blockbusters à la française.
Un acteur total, entre Godard et Lautner
Belmondo, c’est 80 films et une infinité de souvenirs. Il fut le jeune homme à la clope insolente dans À bout de souffle, pendu à un hélico au-dessus de Venise dans Le Guignolo, ou encore le flic acrobate de Peur sur la ville. Il fut l’amant, l’ami, le frondeur, le héros. Le Magnifique, tout simplement.
“Jean-Paul Belmondo était un trésor national, tout en panache et en éclats de rire”, a salué Emmanuel Macron sur Twitter. Et effectivement, rares sont ceux qui, comme lui, auront su incarner à la fois l’élégance des dialogues de Godard et l’efficacité des poursuites signées Henri Verneuil ou Georges Lautner.
Le roi des cœurs et des cascades
Il faisait ses cascades lui-même, par goût du risque et de la liberté. Belmondo aimait la vitesse, le jeu, la vie. L’Homme de Rio, Le Professionnel, L’As des As… Ces films ont fait sa légende et attiré plus de 130 millions de spectateurs dans les salles. Il avait un nez cassé de boxeur et un charme de voyou tendre. Il pouvait être drôle comme dans Le Cerveau, ou bouleversant dans Itinéraire d’un enfant gâté, film pour lequel il remportera son unique César, en 1989.
Complice d’Alain Delon, ami fidèle de Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle ou Claude Rich, Belmondo était aussi le dernier géant d’une génération fraternelle. Tous ou presque sont partis. Il les rejoint désormais.
Un legs familial et artistique
Bébel laisse une famille aimante, quatre enfants – dont Patricia, disparue tragiquement – et une descendance passionnée. Son fils Paul, acteur et pilote, et son petit-fils Victor, révélé au cinéma, perpétuent à leur manière l’esprit de clan et d’aventure.
Hospitalisé à plusieurs reprises depuis son AVC en 2001, Jean-Paul Belmondo était devenu rare, mais chéri. Chaque apparition publique, chaque hommage, réveillait l’affection indéfectible du public. Il avait reçu un César d’honneur en 2017 sous une ovation émue.
Un souffle éternel
La France perd un héros, mais le cinéma gagne une légende éternelle. Dans ses rôles, dans ses éclats de rire, dans ses uppercuts et ses cascades, Jean-Paul Belmondo continue de courir, libre et insolent, dans la mémoire collective.
Et comme le disait si bien le titre du film qui l’a fait entrer dans l’Histoire : il restera toujours À bout de souffle, mais jamais à bout de vie.