Hommage du cinéma français à son dernier « grand duc », Jean-Pierre Marielle

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Le monde du cinéma français rendait hommage jeudi matin à l’acteur Jean-Pierre Marielle, décédé à l’âge de 87 ans, louant sa présence physique impressionnante, sa voix gouailleuse et son élégance.

Inoubliable interprète de Monsieur de Sainte-Colombe dans « Tous les matins du monde » (1991), le comédien est mort mercredi d’une longue maladie, a annoncé son épouse, l’actrice Agathe Natanson, à l’AFP.

Ses obsèques se dérouleront dans la plus stricte intimité.

« Jean-Pierre est parti rejoindre Jean, Philippe et les autres… C’est tout un cinéma qui part avec lui », écrit le réalisateur et comédien Guillaume Canet sur les réseaux sociaux. Avec Jean Rochefort et Philippe Noiret, ses acolytes des « Grands Ducs », déjà disparus, Jean-Pierre Marielle incarnait toute une époque.

« Immense Acteur Homme Extraordinaire… Quel honneur et quelle chance d’avoir pu le connaître et d’apprendre à ses côtés », a tweeté l’acteur Omar Sy, qui figurait avec lui au générique du film « Les Seigneurs ».

« Qu’est-ce qu’un acteur ? Une voix, un phrasé. Il avait une voix, il avait un phrasé, une grande originalité, il détestait les modes, les ambiances, les doxas », relève le comédien Fabrice Luchini sur RTL.


AFP/Archives / FRANCOIS GUILLOT
Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort en avril 2003 à l’Elysée


Pour le cinéaste Jean-Pierre Mocky qui a travaillé avec lui, Jean-Pierre Marielle « faisait partie de la dynastie des Sacha Guitry, des gens comme ça ». « Il avait beaucoup de prestance. Il jouait des rôles de fanfaron. Même dans la vie, c’était un grand gars, il était très drôle, il passait son temps à faire des plaisanteries », a-t-il dit sur Franceinfo.

Le cinéaste Bertrand Blier, qui a fait trois films avec l’acteur, a souligné sur RTL que Jean-Pierre Marielle était « très particulier ». « C’était un garçon secret, mystérieux, souvent angoissé. (…) Il avait des colères, il n’était pas toujours de bonne humeur comme beaucoup d’acteurs », mais « j’ai beaucoup de bons souvenirs avec lui », a-t-il ajouté.

« C’est la fin de l élégance et de la fantaisie », écrit José Garcia sur Instagram.

Avec la disparition de Jean-Pierre Marielle , s’éteint une des dernières figures de « la bande du conservatoire », formée au début des années 50 par Jean-Paul Belmondo, Claude Rich ou Jean Rochefort, l' »ami de toute une vie », décédé en octobre 2017.

Le comédien avait disparu des écrans depuis quelques années, après avoir joué dans plus d’une centaine de films (sous la direction notamment d’Audiard, Blier, Molinaro, Mocky, Sautet, Tavernier, Miller) et d’innombrables pièces et téléfilms.

Au cours de sa carrière, il a été nommé sept fois aux César notamment pour son rôle dans « Tous les matins du monde », que beaucoup considèrent comme le sommet de sa filmographie. Mais il n’a jamais reçu la statuette. « Les César ? J’en ai rien à foutre! », répondait-il.

Répliques fleuries


AFP/Archives / Anne-Christine POUJOULAT
Jean-Pierre Marielle à Cannes en 2011


D’abord acteur de théâtre et de boulevard, Jean-Pierre Marielle connaîtra des débuts timides au cinéma avant d’exploser à la fin des années 60 et d’imposer sa gouaille, autant dans des films comiques que tragiques, d’auteur que grand public.

Il se fait remarquer dans « Le diable par la queue » de Philippe de Broca, « La valise » de Georges Lautner ou « Comment réussir quand on est con et pleurnichard » de Michel Audiard.

Il « avait cette gouaille imprévisible, ce grain de folie qui transcendent un immense acteur. Sa voix si reconnaissable par son moelleux et la justesse de sa diction nous entraînait aux frontières d’un génie irremplaçable, à la Serrault, à la Piccoli à la…Lui », s’est souvenu l’ancien président du festival de Cannes, Gilles Jacob.

S’ensuit dans les années 70 une intense activité devant les caméras et des répliques fleuries chez Joel Séria (« Les galettes de Pont-Aven », « Comme la lune ») qui font mouche.

Parmi ses rôles marquants, figurent « Que la Fête commence » de Bertrand Tavernier, « Dupont Lajoie » d’Yves Boisset, mais aussi « Coup de Torchon » de Tavernier, « Tenue de soirée » de Blier, « Uranus » de Claude Berri, « La Petite Lili » de Claude Miller ou encore « Les âmes grises » d’Yves Angelo.

« La voix, le charisme, les yeux rieurs et le sens du jeu. Toujours juste et inattendu, Jean-Pierre Marielle était un acteur généreux que nous aimions dans chacun de ses rôles, au cinéma comme au théâtre », a souligné le ministre de la Culture Franck Riester.

Crédit Photo : Joël SAGET

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