Coronavirus: quel impact sur le tourisme en Europe?

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Dix pour cent du PIB de l’Union européenne, 27 millions d’emplois: le tourisme est un des secteurs clés de l’économie du continent. Déjà durement touchés par la crise du coronavirus, les professionnels redoutent un été historiquement mauvais, même s’ils tentent de s’adapter.

Y aura-t-il des vacances d’été?

En France, première destination touristique mondiale, le président Emmanuel Macron a averti mardi qu’il était « trop tôt pour dire si on pourra avoir des vacances » cet été. Le commissaire européen chargé du Marché intérieur Thierry Breton a averti que « certaines zones seront ouvertes aux touristes et d’autres non », en fonction de la situation sanitaire.

De manière générale, citoyens et autorités semblent s’accorder sur des vacances « locales ». « Cela va être, dans un premier temps, le temps de l’ultra-proximité », a affirmé fin avril le secrétaire d’Etat français Jean-Baptiste Lemoyne. Plusieurs études d’opinion estiment qu’une large majorité de Français pensent rester dans leur pays pour les vacances d’été.

Au Royaume-Uni, important pourvoyeur de touristes en Europe, « les réservations pour cet été ont baissé de manière très significative », explique à l’AFP un porte-parole de l’ABTA, association britannique de professionnels du voyage. Qui veut malgré tout croire que, « lorsque le confinement sera levé, l’envie de voyager pour voir les proches et pour prendre des vacances bien méritées sera renouvelée ».

Comment les métiers du tourisme vont faire face?

« Nous observons un certain nombre de destinations en vogue commencer à annoncer des plans de relance de l’activité », explique encore l’ABTA, « mais il faudra que les conditions sanitaires idoines soient en place », notamment pour permettre la distanciation sociale. Cela vaut pour le secteur aérien, également très touché par la fermeture des frontières.

Dans les régions très touristiques, les mêmes questions se posent: comment rassurer les touristes et, incidemment, sauver une saison estivale qui s’annonce historiquement mauvaise? A Nice, Ali Abdelhafidh, de Castel Plage, sur la promenade des Anglais, menace en riant de « quitter le métier » si gants et masques sont imposés sous les parasols.

En Espagne, la ville de Gandia (sud-est) prévoit de recruter des surveillants, voire d’interdire la plage aux enfants à certaines heures pour faire respecter la distanciation sociale. Les terrasses de restaurant seront aggrandies et les menus consultables sur smartphone, au lieu de passer de main en main. La chaîne RoomMate Hotels, prévoit des paillassons imprégnés de javel pour désinfecter semelles et roulettes de valises à l’arrivée des clients, soumis à un test de température et équipés en masque, gel et gants.

En Italie, le ministre de la Culture Dario Franceschini s’est lamenté dans la presse: « de quel tourisme s’agit-il si, par exemple, on ne peut être que quelques-uns à manger au restaurant ou dans une pizzeria? »

L’ensemble des acteurs est unanime à réclamer des lignes directrices claires et cohérentes. Les institutions européennes travaillent sur des « règles finalisées et harmonisées au niveau européen » pour l’accueil des touristes, a assuré mardi Thierry Breton. Réponses attendues « dans les jours qui viennent ».

Quel impact économique?

Post-doctorant à l’ESTHUA d’Angers (Etudes Supérieures de Tourisme et d’Hôtellerie de l’Université d’Angers), Johan Vincent a travaillé sur la façon dont les crises économiques modifient le secteur du tourisme. « Le tourisme est toujours reparti, parce que les acteurs économiques se sont adaptés aux crises auxquelles ils ont été confrontés », explique-t-il à l’AFP. Toutefois, « un gros effort d’adaptation va être nécessaire ».

Un effort qui nécessitera des investissements, alors que le secteur est à l’arrêt depuis plusieurs mois. En Espagne, deuxième destination touristique mondiale, le nombre de visiteurs étrangers a chuté de 64,3% en mars par rapport à un an plus tôt, et l’organisation patronale hôtelière Exceltur estime que le tourisme pourrait perdre jusqu’à 60% de son chiffre d’affaires annuel.

L’Europe devra déployer « un plan Marshall pour le tourisme », a estimé Thierry Breton. Les 27 négocient actuellement un fonds de relance au montant « gigantesque », selon le commissaire qui a évoqué la fourchette de « 1.000 à 2.000 milliards d’euros ».

Mais l’ensemble des pays se sentiront-ils concernés? Dans les prévisions de croissance des Etats membres publiées mercredi sur le compte Twitter de la Commission européenne, le clivage est évident entre les pays dont l’économie est la plus dépendante du tourisme, Grèce, Italie, Espagne, Croatie et France dans une moindre mesure, et les autres.

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