Coronavirus : la mise en oeuvre du déconfinement en discussion

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Les élus locaux et acteurs de terrain seront impliqués dans la mise en oeuvre du plan de déconfinement, en particulier sur la question sensible de la réouverture des écoles, a assuré mercredi le gouvernement qui espère remettre le maximum de Français au travail.

« Nous allons devoir vivre avec le virus », a prévenu Edouard Philippe en présentant mardi devant les députés et plus de 14 millions de téléspectateurs cette feuille de route de déconfinement progressif à partir du 11 mai.

Pour mettre le plan en musique et l’adapter « aux réalités de terrain », le Premier ministre s’est entretenu mercredi avec les élus locaux avant de discuter jeudi avec les partenaires sociaux.

L’enjeu est de taille: relancer l’économie qui risque « l’écroulement » sans déclencher une deuxième flambée de l’épidémie. En 24 heures, le coronavirus a causé 367 nouveaux décès, portant le total à 23.660 morts depuis le 1er mars.

Et « si les indicateurs ne sont pas au rendez-vous, nous ne déconfinerons pas le 11 mai » ou alors « plus strictement », a mis en garde Edouard Philippe.

Mais pour l’instant, la décrue se poursuit dans les services de réanimation.

Alors « il faut qu’un maximum de Français reprennent le travail », a plaidé le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, rappelant que le gouvernement prévoit pour cette année une chute du PIB de 8%.

Le Premier ministre a malgré tout « demandé avec insistance » aux entreprises de maintenir le télétravail autant que possible et de veiller à équiper les salariés en masques dans le cas contraire.

Masques qui seront par ailleurs rendus obligatoires dans les transports et jugés désormais « préférables » dans de nombreux cas, après avoir été déconseillés au début de la crise.

Après les pharmacies, Bercy a annoncé que les masques seront vendus dans certaines enseignes de la grande distribution à partir du 4 mai, et partout le 11.

A partir du 11 mai les attestations de déplacement seront supprimées, jusqu’à 100 km du domicile. Et les commerces pourront rouvrir.

Mais ni bar ni restaurant, ni cinéma, pas de festival ni de grande manifestation sportive au-delà de 5.000 personnes, et surtout pas de weekend à la plage. Et la saison estivale ne sera « pas comme les autres », avec des Français qui prendront des vacances près de leur domicile, dans des sites naturels de départements où le virus circule peu, a affirmé le secrétaire d’Etat Jean-Baptiste Lemoine.

Départements en « vert » ou « rouge »

La situation sanitaire sera d’ailleurs étudiée localement, département par département, différenciés en « vert » ou « rouge ». Ainsi, 32 départements présentaient encore un excès de mortalité la semaine dernière dont deux, Seine-Saint-Denis et Val-d’Oise, un « niveau exceptionnel ».

« Les départements seront verts ou rouges, mais il y aura partout une discussion intense et confiante pour adapter les mesures », a assuré mercredi Edouard Philippe. « C’est l’esprit du partenariat entre élus locaux et acteurs de terrain qui nous permettra de piloter finement la maîtrise de la circulation du virus ».

Dans les zones rouges, « il y aura la possibilité d’aller fermer si nécessaire des écoles, d’aller fermer si nécessaire un certain nombre de commerces, de lieux extérieurs », a précisé sur Franceinfo le ministre de la Santé Olivier Véran.

Alors que selon un sondage OpinionWay pour les Echos, les Français sont très partagés sur la réouverture des écoles, le Premier ministre a estimé qu’il fallait laisser au maire « dire aux responsables de l’Education nationale » comment chaque école pourra être rouverte ou non à partir du 11 mai.

Deuxième vague

De manière générale, pour le premier train de mesures, les parents pourront, s’ils le souhaitent, renvoyer les plus petits en crèches (par groupes de dix maximum) et les enfants en maternelle et à l’école primaire dès le 11 mai.

Pour les collèges, ce n’est qu’à partir du 18 mai, dans les départements peu infectés, que la réouverture sera envisagée, en commençant par les 6e et 5e. La suite ne pourra être considérée que fin mai notamment pour les lycées.

Un protocole sanitaire national précis encadrant cette reprise de l’école sera présenté vendredi, a annoncé le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer.

Alors que certains s’inquiètent de cette réouverture des écoles, l’apparition en Europe et aux Etats-Unis de cas d’enfants touchés par une maladie inflammatoire grave risque de ne pas rassurer les parents.

Le ministre de la Santé a évoqué une quinzaine de cas à Paris. Mais ils ne se sont « pas tous révélés porteurs du coronavirus », a-t-il indiqué, notant qu’il n’y avait pas encore assez d’éléments pour faire un lien entre le Covid-19 et ces symptômes ressemblant à la maladie de Kawasaki.

La concertation au niveau local est d’autre part clé pour mettre en place la stratégie du déconfinement basée sur les tests massifs des personnes présentant des symptômes ainsi que leurs contacts, le traçage de tous ces contacts par des « brigades » dédiées et le placement en isolement des contaminés, à domicile ou dans des hôtels réquisitionnés.

Il faut que les divers territoires « s’organisent pour faire face au nombre de nouveaux malades qui apparaitraient, pour être capable de tester, tracer et isoler tous les malades et les cas contacts », a ainsi souligné Olivier Véran.

Dans tous les cas, alors qu’une très faible partie de la population a été contaminée, de nombreux experts craignent une deuxième vague de l’épidémie, dont il est difficile à ce stade de prévoir l’ampleur.

« Je prie pour avoir tort, qu’il se passe quelque chose qu’on ne comprenne pas et qu’on ait moins de cas, mais à l’heure où je vous parle, sans vaccin, sans médicament, sans effet de saisonnalité prouvé sur le virus, je ne vois pas ce qui pourrait nous permettre d’échapper à une nouvelle vague », a insisté sur RTL Philippe Juvin, chef des urgences à l’hôpital Georges Pompidou, la prévoyant pour fin mai-début juin.

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