Le monde scientifique est en deuil. Le paléontologue français Yves Coppens, co-découvreur de la célèbre australopithèque Lucy, est décédé mercredi à l’âge de 87 ans, des suites d’une longue maladie. Figure majeure de la paléontologie, il a marqué plusieurs générations par son savoir, son enthousiasme et son talent à rendre la préhistoire accessible à tous.
« La France perd un de ses grands hommes. Je perds l’ami qui m’a confié toute son œuvre », a réagi avec émotion son éditrice, Odile Jacob, en annonçant la nouvelle sur Twitter.
Un conteur de la préhistoire
Professeur émérite au Collège de France, membre de l’Académie des sciences, Yves Coppens avait consacré sa vie à explorer les origines de l’humanité. « Seul en scène, face au public, je suis très heureux », confiait-il au Monde en janvier dernier, assumant « apprécier ce petit vedettariat ».
La ministre de la Recherche, Sylvie Retailleau, a salué la mémoire d’un « chercheur passionné et passionnant, excellent pédagogue ». Le paléoanthropologue Jean-Jacques Hublin a rappelé que Coppens « a montré la voie à toute une génération de chercheurs ». Pour Antoine Balzeau, du CNRS, « on est tous des héritiers d’Yves Coppens ».
Le jour où Lucy est née
Né à Vannes en 1934, il s’oriente très tôt vers l’archéologie et les grandes expéditions africaines. En 1967, il découvre un fossile d’hominidé bipède de 2,6 millions d’années dans la vallée de l’Omo, en Éthiopie. Mais c’est en 1974, dans la dépression de l’Afar, qu’il devient célèbre avec la découverte de Lucy – un squelette d’Australopithecus afarensis vieux de 3,2 millions d’années – aux côtés de Donald Johanson et Maurice Taieb.
Un passeur de savoir et de mémoire
Au-delà des fossiles, Yves Coppens a œuvré pour la conservation de sites majeurs comme la grotte de Lascaux et participé à la rédaction de la Charte de l’Environnement en 2002, intégrée à la Constitution française trois ans plus tard.
Habité par la préhistoire, il confiait en 2018 : « Je suis hanté par l’évolution de l’Homme… et par cette question : à quoi ressemblait notre ancêtre commun avec les chimpanzés, il y a dix millions d’années ? »
Avec sa disparition, « le père de Lucy laisse beaucoup d’orphelins », résume Dominique Garcia, président de l’Inrap. Mais son héritage scientifique, lui, demeure intemporel.
Crédit Photo: Capture d’écran « Un monde, un regard »/ Public Sénat