La tour du Connétable est l’un des monuments les plus emblématiques et photographiés de Vannes. Située sur les remparts est de la ville, elle se distingue par son architecture unique et son riche passé historique. Cette structure remarquable, avec une apparence extérieure arrondie et un intérieur heptagonal, s’élève sur cinq niveaux. Une tourelle hors œuvre, renfermant un escalier à vis, permet d’accéder aux trois étages supérieurs, tandis que les deux niveaux inférieurs disposent d’un autre système de circulation. Inscrite au titre des Monuments Historiques depuis 1927, elle constitue un précieux témoin du patrimoine architectural et militaire de la ville.
Les trois étages supérieurs sont dotés de salles polygonales, avec un troisième étage remarquable, éclairé par de grandes fenêtres à meneaux et agrémenté d’une cheminée monumentale, témoignant d’une fonction résidentielle et cérémonielle. À l’opposé, le niveau inférieur a une vocation militaire : il abrite une batterie basse dans des casemates équipées de canonnières discrètes, pratiquement invisibles depuis l’extérieur, en raison des remblais modernes des jardins de la Garenne.
Cette tour aurait été conçue pour le connétable, chef des armées du duc, probablement Arthur de Richemont, frère de Jean V. Construite entre 1399 et 1442, sous le règne de Jean V, elle s’intègre parfaitement à l’enceinte est de la ville. Les arrachements visibles sur les murs du côté de la rue des Remparts indiquent qu’elle faisait partie d’une seconde enceinte protégeant la basse-cour du château de l’Hermine.
Les éléments décoratifs, tels que les linteaux ornés d’arcs tréflés des machicoulis côté basse-cour, témoignent de l’importance de cet édifice dans la vie de la cour ducale. Ce soin architectural reflète le lien étroit entre la tour et le château voisin.
Si les trois salles superposées étaient vraisemblablement réservées à l’habitation et aux réceptions du connétable, le niveau inférieur revêtait une fonction strictement défensive. Toutefois, au fil des siècles, la tour changea de vocation. Au XVIIIe siècle, elle fut convertie en prison. Durant la Révolution française, elle accueillit notamment des émigrés capturés lors de l’affaire de Quiberon en 1795. En 1811, des plans furent dressés par l’architecte-voyer Brunet-Debaines pour y aménager un espace d’incarcération destiné aux femmes.
Les gravures du XIXe siècle révèlent qu’à l’ouest de la tour se trouvaient des bâtiments, aujourd’hui disparus, qui fermaient l’accès depuis la rue des Remparts. Malgré ces pertes, la tour du Connétable reste un témoin précieux de l’histoire militaire et résidentielle de la Bretagne médiévale, tout en illustrant l’évolution des fonctions d’un édifice au gré des transformations sociales et politiques. Elle incarne, encore aujourd’hui, un lien palpable entre le passé ducal de la région et son héritage architectural.