Une architecture imposante et stratégique
Édifiée en granite appareillé, la Porte Prison présente une architecture remarquable, composée d’une tour ronde flanquée d’un corps de bâtiment rectangulaire. Ce dernier s’étend au sud, le tout étant encadré à l’ouest par une courtine longeant les vestiges de l’ancienne tour sud, aujourd’hui disparue. L’édifice se caractérise par deux étages carrés surmontés de combles, et par une légère avancée du deuxième étage, visible notamment côté sud, où un arrachement rappelle la démolition partielle de la tour en 1886.

La porte elle-même est dotée d’une porte charretière sous un arc brisé, ainsi qu’une porte piétonne. Les passages du corps central sont supportés par des arcs en plein cintre, un style qui renforce la robustesse de cette construction. Au-dessus de ces passages, les rainures laissent entrevoir un dispositif de ponts-levis à balanciers, permettant de fermer la porte et de renforcer sa défense. Un herse coulissante complétait le dispositif de fermeture à l’arrière du sas.
Les mâchicoulis, ces éléments défensifs en forme de pyramides renversées, ornent la porte et la tour, donnant un caractère fortifié à l’ensemble. L’architecture est marquée par une absence d’ordonnancement régulier des façades, un aspect qui renforce son caractère utilitaire et défensif.
L’histoire de la porte à travers les siècles
La Porte Prison a une longue histoire, remontant à l’époque romaine, lorsque la voie romaine traversait le castrum d’Ouest en Est. Elle permettait l’accès à la ville depuis le faubourg Saint-Patern, où se trouvait la ville antique avant son extension dans l’enceinte fortifiée. Les vestiges de cette enceinte gallo-romaine sont encore visibles à proximité, rue Francis Decker, rappelant l’importance de ce site stratégique.
Au fil des siècles, la porte a subi plusieurs transformations. Au XIIIe siècle, sous Jean II, un premier édifice médiéval est construit, comprenant la porte elle-même et une partie du passage, protégée par une herse. Au XIVe siècle, sous Jean IV, la porte est renforcée d’un pont-levis et d’une poterne pour le passage des piétons. Un grand arc de décharge surbaissé surmonte ces passages.
Au XVe siècle, sous le règne de Jean V, des travaux de réfection sont réalisés, notamment le rehaussement des parties hautes de la porte, avec l’ajout de mâchicoulis. La porte est également dotée d’une barbacane, une défense supplémentaire permettant de renforcer les accès face à l’évolution de l’artillerie à feu.
Sous les règnes de François II et Anne de Bretagne, un écu sculpté aux armes de Bretagne est ajouté, symbolisant l’importance politique de la porte. Au cours des siècles suivants, la porte prend également la fonction de lieu d’incarcération, d’où son nom de Porte Prison.
Une dégradation et des restaurations successives
Au XIXe siècle, la porte subit de nombreuses transformations et des démolitions. La tour sud est démolie en 1886, laissant place à un aménagement partiel du rez-de-chaussée et du parement extérieur, utilisé comme appui pour les bâtiments voisins. La porte reste néanmoins un lieu d’importance, et en 1912, elle est classée Monument Historique.
Malheureusement, au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, la porte est vendue à des propriétaires privés qui, faute de moyens, négligent son entretien. Cependant, l’intérêt pour la préservation de ce patrimoine local ne faiblit pas, et après l’achat de la porte par la ville en 1934, plusieurs campagnes de restauration sont entreprises.
Les restaurations les plus importantes ont eu lieu entre 1972 et 1975, puis entre 1985 et 1987. La rénovation majeure de 2010-2011 a permis de redonner à la porte son apparence originale, en préservant son caractère distinctif et son intégrité architecturale. Ces travaux ont permis de renforcer la porte Prison comme un témoin vivant de l’histoire de Vannes et un symbole du patrimoine vannetais.
Charpente de la tour Nord de la porte prison
Un lieu prisé des habitants et des touristes
Aujourd’hui, la Porte Prison est un lieu de promenade apprécié, tant par les habitants que par les touristes. Elle offre une vue imprenable sur l’histoire de la ville, à la fois par son architecture imposante et par les vestiges qu’elle abrite, témoignage des différentes périodes de son existence. Les visiteurs peuvent y découvrir des éléments de défense médiévale, des traces de l’enceinte gallo-romaine, et se plonger dans l’histoire fascinante de cette porte qui a traversé les siècles en étant à la fois un fort stratégique et un lieu de mémoire.